Réhabiliter les frontières ?
“Une idée bête hante l’Occident : l’humanité qui va mal, ira mieux sans frontières.” C’est ainsi que Régis Debray démarre un surprenant et brillant “éloge des frontières”. Issu d’une conférence donnée en mars dernier à la Maison franco-japonaise de Tokyo, ce “manifeste à rebrousse-poil”, comme il le qualifie lui-même, “célèbre ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie de murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant”. À certains égards représentatif d’une forme de réserve française au sujet de la mondialisation, ce texte mérite toute notre attention. En effet, il souligne des faits, soulève des questions et émet des objections qui ne peuvent laisser indifférents ceux qui s’intéressent à ce fait géopolitique majeur qu’est la propension humaine à tracer des frontières à la surface de la croûte terrestre. Car, que l’on s’en réjouisse ou non, un fait s’impose : la mondialisation n’a pas rendu les frontières caduques. Bien au contraire.