Depuis 2008, les pays du monde occidental subissent une crise financière et économique sans précédent, tandis que la Chine affiche des taux de croissance très élevés et des bénéfices commerciaux exceptionnels. Les cartes de la puissance semblent changer de main. L’avenir du dollar comme monnaie de référence pourrait être à terme menacé. Le yuan chinois va-t-il remplacer la devise américaine, une fois que la Chine aura supplanté les Etats-Unis ? C’est la problématique que soulèvent deux récents ouvrages qui, d’une manière très différente, abordent l’évolution des rapports de puissance mondiaux et l’importance politique de la monnaie dans cette équation. C’est la problématique que soulèvent deux récents ouvrages qui, d’une manière très différente, abordent l’évolution des rapports de puissance mondiaux et l’importance politique de la monnaie dans cette équation. Pour le journaliste Jean-Michel Quatrepoint, la Chine est bien en passe de surpasser un « Occident » qui s’est assoupi. Pour Barry Eichengreen, professeur d’économie et de sciences politiques à Berkeley, le monde connaît une mutation des rapports de puissance, notamment monétaire, qui devrait mener à un système multipolaire. Ces deux auteurs reposent in fine la question du « déclin de l’Occident », et par contrecoup de la place de la Chine dans le monde.
En 1971, alors que l’Amérique reniait son engagement, pris à Bretton Woods en 1944, d’arrimer le dollar à l’or, Johan Connaly, secrétaire d’État au Trésor de Nixon, déclara aux Européens médusés : “Le dollar est notre monnaie et votre problème.” Quarante ans plus tard, alors que le monde traverse l’un des plus graves crises financières de son histoire, la sentence n’a jamais été aussi vraie. C’est du moins la thèse défendue par Édouard Tétreau dans un petit ouvrage dont le titre claque comme un pamphlet : Quand le dollar nous tue. Pour cet analyste financier réputé, “le flot de dollars, provenant des robinets percés de la Fed, des fonds spéculatifs de Wall Street et des déficits du Trésor américain, est en effet en train de mettre nos économies et nos finances à feu et à sang.” Sa crainte : qu’après avoir provoqué des émeutes et des révolutions au Maghreb et dans le monde arabe, l’inflation exportée par les États-Unis déstabilise demain la Chine, l’Inde, voire l’Europe. Un scénario noir qu’il convient toutefois de prendre en compte parce qu’il n’y a pas de géopolitique sans anticipation et qu’imaginer le pire permet parfois de l’éviter. Lire la suite »