Jean-François Fiorina s’entretient avec Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

Jean-Baptiste Jeangène Vilmer : quand on parle de guerre et de paix, on ne peut jamais ignorer le lien qui existe entre géographie et politique.
1500 pages, 300 entrées réalisées par 200 experts issus d’horizons différents, le Dictionnaire de la guerre et de la paix (PUF, 2017), se veut le socle du développement des études sur la guerre – war studies – dans le monde francophone.
Il a été dirigé par le général Benoît Durieux, ancien directeur du Centre des hautes études militaires (Chem), Frédéric Ramel professeur à Sciences Po Paris et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem).
Pour ce dernier, guerre et paix ne sont plus des espaces et moments différenciés mais une zone grise, où les règles héritées du passé se trouvent chamboulées. Avec, à la clé, des césures et mutations majeures qui vont marquer l’évolution géopolitique du monde.
Pourquoi avoir réalisé ce Dictionnaire de la guerre et de la paix ?
Poser cette question revient à s’interroger sur le devenir des war studies, autrement dit les études sur la guerre, dans notre pays et plus généralement dans le monde francophone.
Les wars studies diffèrent des strategic studies, études stratégiques, fort prisées aux Etats-Unis, concentrées sur la science politique et sur des sujets spécifiquement militaires.
Les war studies, elles, correspondent davantage à une tradition britannique, avec une approche plus large qui s’intéresse au fait guerrier en général, pouvant être abordé à partir de différentes disciplines, aussi diverses que l’histoire ou la philosophie, la psychanalyse ou la sociologie…
Travailler sur l’éthique, sur le concept de « guerre juste », sur les risques post-traumatiques, sur le rapport à la mort du soldat, sont des exemples de champs explorés par les war studies.
Or, avec plusieurs de mes collègues qui ont, comme moi, été formés en grande partie à l’international, nous avons fait le constat qu’en France, à la différence notamment du monde anglophone, il y avait un réel déficit des études sur la guerre à l’université.
Au King’s College de Londres par exemple, un département entier existe depuis 1962, consacré à cette question. Des war studies se sont développées dans des pays comme le Danemark.
Curieusement, la France qui possède une longue tradition de conflits armés et de réflexion dans le champ militaire, ne s’est pas, jusqu’à présent, lancée dans l’aventure.
C’est ce vide que nous avons souhaité combler, en créant en 2015 l’Aeges – Association pour les études sur la guerre et la stratégie, en faisant monter l’Irsem en puissance, et en créant un document de référence sur ces questions, à savoir ce Dictionnaire de la guerre et de la paix, deux concepts qui vont de pair.
Avec le général Benoît Durieux et le professeur Frédéric Ramel, nous avons rassemblé de nombreux spécialistes venant de tous horizons, droit, science politique, histoire, économie, etc. car les war studies, par nature, privilégient l’interdisciplinarité.
De la même façon, nous essayons généralement de faire participer à nos travaux des personnalités issues du public ou du privé, du civil ou du militaire, de l’université, des think tanks ou du monde de l’entreprise.
Quelle est votre définition de la géopolitique ? Quel est l’intérêt de cette discipline entre guerre et paix ?
Nous ne faisons pas de géopolitique stricto sensu, même si une entrée du dictionnaire a été consacrée à cette thématique et réalisée par le géographe et ambassadeur Michel Foucher (voir extrait en fin d’entretien). Notre approche est davantage celle des relations internationales.
Néanmoins, on doit bien comprendre que la guerre et la paix ne sont pas des concepts abstraits mais s’incarnent concrètement sur des territoires, y compris en intégrant l’espace cyber.
D’ailleurs, l’IFG, l’Institut français de géopolitique, travaille beaucoup sur cette question.
Tous les conflits armés ou les processus de paix dépendent étroitement des territoires, de leur configuration et des rapports de force au sein de ces mêmes territoires, et de fait, ceux-ci ne sont jamais neutres.
Quand on parle de guerre et de paix, on ne peut donc jamais ignorer le lien qui existe entre géographie et politique.
A la chute du Mur de Berlin en 1989, le monde pensait naïvement que l’ère de la paix perpétuelle chère à Emmanuel Kant était advenue. Quel est l’état des lieux à la fin de l’année 2017 ?
Au début des années 1990, indéniablement, un vent d’optimisme soufflait. Avec la fin de la guerre froide et l’effondrement du bloc soviétique, on espérait qu’un nouvel ordre mondial consacré par la « fin de l’histoire » allait permettre à la paix de régner pour toujours.
Après cette phase d’idéalisme, aujourd’hui, le sentiment dominant s’incarne dans un retour à un certain réalisme, lié à un évident désenchantement ou plutôt à une cruelle désillusion, qui a commencée avec violence le 11 septembre 2001 avec l’effondrement des Twin Towers à New York.
Les défaites américaines en Irak et en Afghanistan ont ensuite accentué cette tendance, montrant dans les faits les limites du pouvoir américain. On s’aperçoit alors que le monde unipolaire dominé par les Etats-Unis en cette aube du XXIème siècle n’est en réalité guère plus paisible que le monde bipolaire de la Guerre froide.
Pourtant, les Etats-Unis n’ont pas de rival et détiennent une puissance inégalée dans l’histoire, sauf à établir un parallèle avec l’empire romain comme cela a été fait par certains observateurs.
Peu à peu, on voit alors surgir d’autres puissances, nouvelles ou que l’on croyait abattues. C’est la montée en puissance de la Chine. C’est le réarmement de la Russie en 2008 à l’occasion de la crise géorgienne. Les points de tension se multiplient, dans le Golfe, en Syrie, en Ukraine…
L’Iran et la Corée du nord s’imposent de facto comme des pays avec lesquels il convient désormais de compter. Des puissances qui, jusqu’alors, ne se manifestaient pas ou peu, se mettent à pratiquer des interventions extérieures, comme depuis 2011 en Libye, avec parfois des projections de force venant de pays arabes éloignés du théâtre libyen.
L’Iran intervient en Syrie via le Hezbollah, l’Arabie Saoudite intervient au Yémen contre les tribus chiites… Ce n’est donc plus seulement le Nord qui intervient vers ses anciennes colonies du Sud, désormais le jeu apparaît nettement plus complexe.
Un autre paramètre doit être pris en compte dans cette phase de transition, à savoir l’émergence et la forte montée en puissance des acteurs non-étatiques, à cause d’un phénomène, étudié dès 1990 par le sociologue américain James Rosenau : la révolution des capacités individuelles, rendue possible par l’accès de chacun aux technologies les plus sophistiquées.
Il suffit de songer aux méthodes pour fabriquer des bombes artisanales disponibles sur internet ou aux conséquences pratiques des imprimantes 3D, pour comprendre que des individus isolés peuvent déclencher des actions violentes sans avoir été repérés ni même formés dans des réseaux.
Ces acteurs non-étatiques peuvent s’attaquer à des Etats et transformer par leur activisme destructeur l’état de paix d’une société. S’ y ajoute la dimension communicationnelle, avec l’effet CNN, c’est-à-dire la capacité à suivre partout et en temps réel, tout événement couvert par les médias.
Le risque est alors que l’émotion suscitée dérationalise le traitement politique de l’événement. La multiplicité des mutations par rapport au monde figé de la Guerre froide génère ainsi un sentiment de perte de repères, d’absence de sens, donc une désillusion qui croît en même temps que revient le risque de guerre…
Est-ce à dire que la guerre a-t-elle encore un « bel avenir », pour reprendre le titre du livre de Philippe Delmas en 1995 ?
La frontière entre la guerre et la paix devient de plus en plus floue. Depuis les guerres de décolonisation, guerre et paix se trouvent souvent mêlées, au sein d’une zone grise.
Il existe beaucoup de situations où l’on ne peut dire vraiment si l’on est en guerre ou en paix, ce qui fait que l’on aboutit à une sorte de « dé-spécification » de la guerre. Hier, la guerre s’imposait comme un état spécifique, que l’on pouvait aisément identifier. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.
Et parallèlement, on observe une « civilianisation » des conflits armés, ces derniers ne se déroulant pas sur des champs de bataille mais au coeur des villes. Les civils deviennent à la fois acteurs, cibles et victimes de ces affrontements d’un nouveau genre.
La complexité de la gestion des opérations s’accroît dès lors pour le soldat en opérations, puisqu’il faut distinguer entre le civil qu’il faut protéger et celui qui prend part – de manière volontaire ou involontaire – aux combats.
Les terroristes ne portent pas d’uniforme et néanmoins, participent directement aux hostilités. D’où la nécessité de traiter la question sur un plan juridique en adaptant les règles d’engagement des soldats réguliers confrontés à des civils qui participent directement aux hostilités, comme cela a été fait dans les conventions internationales (protocole aux conventions de Genève) dès 1977.
Inversement, s’il est vrai que les civils participent de plus en plus aux conflits armés, tout à la fois comme victimes et acteurs, on voit au sein des forces armées de plus en plus de tâches dévolues à des civils.
Outre les aspects santé ou logistique, la montée en puissance des sociétés militaires privées – souvenons-nous des scandales liés à Blackwater en Irak – contribue à cette réduction de la zone entre civils et militaires.
Et que dire des personnels civils, basés aux Etats-Unis, pilotant des drones chargés d’éliminations ciblées de personnes physiques à des milliers de kilomètres…
En matière de guerre et de paix, on constate donc bien une fin des modèles traditionnels, un effacement des repères classiques sur lesquels nous avons longtemps fonctionné.
Enfin, le fait que nous assistions à beaucoup de guerres intra-étatiques ne doit pas faire oublier que le risque du recours à la force pure ne doit pas être évincé d’un revers de main. Des conflits majeurs entre Etats ne sont plus à exclure.
Comment voyez-vous l’articulation du hard et du soft power dans les relations de puissance sur la scène internationale ?
Il existe au moins deux types de soft power. Le premier passe par la capacité à attirer et séduire sa cible, sans corruption ni coercition, donc par la fascination ou l’ascendant que l’on exerce sur les autres via la diplomatie, les arts, le cinéma…
Le second est négatif, et peut par exemple jouer sur la diffusion de fausses nouvelles, accentuer les clivages de l’adversaire…
Dans le cadre du soft power positif, la France a de forts atouts dans son jeu et, quelles que puissent être ses faiblesses, elle reste une puissance attractive.
Nous sommes certes connus pour notre passé, notre patrimoine, notre gastronomie et notre industrie du luxe, mais aussi pour notre diplomatie, notre investissement politique en faveur du multilatéralisme, pour nos initiatives visant à promouvoir le développement durable et la prise en compte des bouleversements écologiques et climatiques.
Dans un registre quelque peu différent, les Etats-Unis restent aussi un pays attractif. Même si Georges W. Bush et Donald Trump ont donné ou donnent une mauvaise image à l’étranger, il n’en demeure pas moins que le cinéma américain fascine dans le monde entier, que la musique américaine donne le tempo aux modes, que les universités américaines attirent des jeunes du monde entier…
Si l’on regarde les deux puissances majeures qui vont probablement organiser le monde de cette première partie du XXIème siècle, à savoir les Etats-Unis et la Chine, on voit nettement que le pouvoir de séduction et d’attraction joue en faveur des premiers.
S’il est vrai que l’on va en Chine pour faire des affaires, monter des projets, étudier quelques années, force est de constater que nos contemporains n’ont guère envie d’aller s’y établir !
On ne s’y rend pas par goût, plutôt par nécessité. Alors que le rêve américain continue, malgré toutes les critiques dont il peut être l’objet, d’exercer son rôle d’aimant à l’égard d’une grande partie du monde, notamment grâce aux atouts qu’il met en relief à travers son soft power.
Quel rôle joue l’économie dans ce Dictionnaire de la guerre et de la paix ?
L’économie fait partie des disciplines qui contribuent aux war studies, ne serait-ce que dans le domaine bien particulier de l’économie de défense. Nous avons d’ailleurs réalisé plusieurs entrées sur ce thème dans ce dictionnaire, dont une consacrée spécifiquement à la guerre économique (voir en annexe de cet entretien).
Il existe de multiples liens entre l’économie et la sphère de la guerre et de la paix. Pour preuve, après une carrière sous l’uniforme, de nombreux généraux ou officiers supérieurs entament souvent une seconde vie dans de grands groupes, mettant leur expérience et leur savoir-faire au service de l’entreprise, ce qui prouve clairement qu’ils sont attractifs.
Car il est des qualités inhérentes au monde militaire qui se révèlent être précieuses pour l’entreprise.
Que diriez-vous à des étudiants en école de management pour les convaincre de s’intéresser à la géopolitique ?
Pour reprendre une formule bien connue, je dirais que si nous ne nous intéressons pas à la guerre, la guerre, elle, s’intéresse à nous. Dans le cadre de leurs futures responsabilités, vos étudiants seront obligés de prendre en compte les risques sécuritaires, en France ou à l’étranger, tant au niveau humain qu’au niveau des biens matériels ou immatériels.
Les managers que l’on forme aujourd’hui doivent impérativement intégrer ce paramètre dans leur vie professionnelle, même s’ils sont confortablement installés dans des bureaux parisiens.
Les questions de sécurité et de défense sont désormais au coeur de notre quotidien, dans cette zone grise entre guerre et paix que nous évoquions.
Extraits
Entrée « géopolitique » du dictionnaire, réalisée par le géographe et ambassadeur Michel Foucher.
« Le discours géopolitique, à finalité théorique ou pratique, concerne l’articulation du politique et du géographique. Celle-ci se décline en trois registres à distinguer.
– L’invention et la diffusion, dans un contexte historique particulier et par des descripteurs identifiés, de cartes mentales exprimant des visions et des représentations du monde : il s’agit de représentations et de discours, d’une géopolitique théorique et discursive, formelle certes, mais pas sans effets sur la pratique.
– Le jeu de forces et de puissances, politiques et économiques, diplomatiques et/ou militaires, d’influence et de domination, s’appliquant sur des territoires : il s’agit de pratiques, de géopolitiques appliquées dans le champ des rapports entre les Etats et les nations.
– Enfin, une méthode d’analyse objective de situations concrètes et d’évaluation critique des représentations et des pratiques. En réalité, cette méthode est celle de la géographie elle-même, mais d’une géographie qui inclurait les discours et les pratiques politiques dans son périmètre d’investigation » (p.601)
[ndlr : voir l’entretien que Michel Foucher a accordé aux notes CLES, n°32, février 2014, sur le thème de la Géopolitique de l’influence].
Géopolitique et guerre économique, entrée réalisée par le professeur Philippe Baumard et le directeur de l’Ecole de guerre économique Christian Harbulot. « Il existe aujourd’hui […] un déséquilibre entre les dynamiques de puissance des nouveaux entrants et la manière dont le monde occidental s’est habitué à gérer sa puissance économique sans rivaux véritables.
Les nouveaux entrants ont comme priorité la conquête des marchés extérieurs pour financer leur politique d’accroissement de puissance, alors que les pays du monde occidental ont dissocié la problématique de puissance (principalement militaire et diplomatique) des logiques de guerre économique passées sous silence depuis le milieu du XXème siècle. La politique de déréglementation initiée dans le monde occidental accentue ce paradoxe.
Les champions nationaux sont démantelés en Europe alors que les nouveaux entrants bâtissent leur compétitivité en misant sur le potentiel de consortiums financés par des banques contrôlées directement ou indirectement par le pouvoir politique du pays. Il en découle un déséquilibre concurrentiel qui affaiblit les pays industrialisés, lesquels ont découplé la question de l’accroissement de puissance de la problématique de la compétition économique.
Un tel déséquilibre est renforcé par l’importance prise par la finance dans le fonctionnement de l’économie de marché occidentale. Les marchés financiers influent sur la définition des enjeux stratégiques dans la mesure où les politiques ont pris l’habitude de substituer le court terme aux critères temporels de construction et de préservation de la puissance. Ce déséquilibre de lecture contribue à fausser la compréhension des rapports de force économiques. » (p.446-447)
A propos de Jeangène Vilmer
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer est directeur de l’IRSEM depuis le 15 juin 2016. Il est également Adjunct Professor à la Paris School of International Affairs (PSIA) de Sciences Po et le titulaire de la Chaire d’études sur la guerre de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH).
Formé dans trois disciplines – la philosophie (licence, master, Ph.D.), le droit (licence, LL.M., postdoctorat) et la science politique (doctorat) – en France et à l’étranger, il était précédemment chargé de mission au Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère des Affaires étrangères (2013-2016), chercheur postdoctoral et enseignant à la Faculté de droit de McGill University au Canada (2011-2013), Lecturer au département de War Studies du King’s College de Londres (2010-2011), chercheur postdoctoral à l’ENS Ulm (2010) et postgraduate fellow du MacMillan Center for International and Area Studies de Yale University aux Etats-Unis (2008-2009).
Auditeur de la 68ème session nationale « Politique de défense » de l’IHEDN, membre de l’Institut international de droit humanitaire (IIHL) de San Remo ainsi que du Academic Advisory Board du Collège de Défense de l’OTAN, il est l’auteur d’une centaine d’articles et d’une vingtaine de livres dont La Guerre au nom de l’humanité. Tuer ou laisser mourir (préface d’Hubert Védrine, PUF, 2012, prix du maréchal Foch de l’Académie française).
Ses recherches principales portent sur les relations internationales et les conflits armés, en particulier l’éthique et le droit de la guerre (théories de la guerre juste, interventionnisme militaire, R2P), le droit international humanitaire (et les nouvelles technologies, drones armés, éliminations ciblées, armes autonomes), et la justice internationale pénale (la CPI). Site personnel : jbjv.com / Twitter : @jeangene_vilmer
L’IRSEM
L’Institut de recherche stratégique de l’École Militaire (IRSEM) est un organisme extérieur de la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère de la Défense. Il est rattaché au directeur stratégie de défense, prospective et contre-prolifération de la DGRIS.
Associant universitaires et militaires, l’institut a pour mission de réaliser les études qui lui sont confiées, de contribuer au renforcement du lien entre la défense et la recherche stratégique, d’apporter son concours à l’enseignement militaire supérieur, de soutenir le rayonnement de la pensée stratégique française au plan national et international, notamment européen. Enfin, il participe au débat institutionnel, public et académique sur les questions de défense et de sécurité.
Pour en savoir plus : http://www.defense.gouv.fr/irsem
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