Sans surprise, les deux candidats en lice pour le second tour de l’élection présidentielle sont François Hollande et Nicolas Sarkozy. Une fois encore, si les programmes des partis font la part belle aux questions intérieures, ils délaissent – voire ignorent – la politique étrangère. Pourtant, jamais dans l’histoire récente le destin national n’a été autant lié aux soubresauts du monde extérieur. Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, souligne dans un récent recueil de chroniques que « notre monde est celui de la planète tout entière, désormais réunie sur une même scène ; ses unités sont interdépendantes ; il est régi par le principe de communication immédiate ». Le constat n’est pas nouveau, loin s’en faut. Mais, à l’heure de la mondialisation, la crise financière et économique conjuguée aux poussées des pays émergents oblige à forger des réponses plus globales qui passent nécessairement par une politique étrangère tout à la fois renouvelée et intégrée. « Bref, l’énigme d’aujourd’hui est celle-ci : saura-t-on seulement entrer dans un monde nouveau, mais accepter aussi de nouveaux mondes ? »
Crise financière et monétaire, catastrophes naturelles en cascade, accident nucléaire de Fukushima, « printemps arabe », révélations fracassantes de WikiLeaks…
Les principaux événements des derniers mois se caractérisent par leur brutalité autant que par leur apparente soudaineté. Comme le souligne la dernière édition du « Ramsès » codirigée par Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges pour l’Institut français des relations internationales (IFRI) :
« L’année 2010-2011 a confirmé la fragilité du monde au début du XXIe siècle. […] Avec une multipolarité de plus en plus volatile et une hétérogénéité de plus en plus marquée, la mondialisation engendre des interdépendances de plus en plus complexes et donc diffi ciles à identifi er, de sorte que le moindre incident, en un lieu ou à un moment quelconque, peut avoir des répercussions planétaires. »
La Chine fait débat. Pour certains, elle représente toujours un Eldorado économique et commercial, voire même un nouveau modèle de développement. Mais pour d’autres – qui donnent maintenant de la voix – elle constitue plutôt une menace à conjurer. Hakim El Karoui a entrepris de dénoncer “l’aveuglement occidental face à la Chine”.