Avr 232015
 

Jean-François Fiorina s’entretient avec Rony Brauman

Face aux épidémies, catastrophes, guerres civiles, rébellions, sécessions, génocides, crises politiques violentes qui ravagent notre planète, les organisations humanitaires tentent de soulager autant que faire se peut la détresse des populations.

Depuis près de quarante ans, Rony Brauman est de tous ces combats. Médecin, ancien président de Médecins sans frontières, il porte un regard lucide sur les défis que doivent relever au quotidien les humanitaires.

Jean-François Fiorina et Rony Brauman au Festival de géopolitique de Grenoble de mars 2015 : le savoir géopolitique peut-il être utile aux humanitaires pour se positionner en situation de crise ?

Et il tire à boulets rouges sur les fausses bonnes consciences qui, au nom des grands principes, font parfois plus de malheur que de bien dans des zones pourtant déjà rudement éprouvées. Bref, Rony Brauman nous invite avec son franc-parler à penser l’humanitaire sur un mode réaliste.

Vous êtes l’une des figures majeures de l’humanitaire en France. Quel a été votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à l’humanitaire ? Comment définiriez-vous l’humanitaire ?

Jeune médecin, la décision de me lancer dans l’humanitaire a été la suite de mon engagement politique de jeunesse dans les rangs de l’extrême-gauche. En effet – et initialement plus par curiosité intellectuelle et politique que par compassion – je souhaitais découvrir la vie des peuples de ce que l’on appelait alors le Tiers-monde, connaître aussi la réalité quotidienne des mouvements de libération de pays qui étaient confrontés à des crises graves.

Dans ce contexte, l’humanitaire m’apparaissait comme le sentiment d’appartenir à un collectif, à savoir l’humanité, dont les membres partagent entre eux un sentiment de vulnérabilité, qui engendre la volonté de se porter au secours des autres. Cet altruisme ne se fonde pas sur des liens historiques, politiques, religieux ou culturels, mais sur le sentiment de cette commune appartenance à la société humaine.

Cet élan de secours se veut impartial, fondé sur la volonté de répondre au mieux aux besoins fondamentaux des peuples en détresse.

Selon vous, quels liens unissent géopolitique et humanitaire ? Quelle définition donneriez- vous de la géopolitique ?

Géopolitique et humanitaire sont des termes qui ne sont ni complémentaires ni antagonistes en ce sens qu’ils appartiennent à des registres différents. A mes yeux, l’humanitaire est un sentiment et une façon d’agir dans le monde.

La géopolitique, elle, s’impose comme un savoir. Sentiment et savoir sont donc différents par nature et se déploient à l’évidence dans des sphères qui ne sont pas les mêmes. Pour moi, la géopolitique consiste en l’étude des formations et des déterminants politiques liés à la géographie. L’humanitaire, en théorie du moins, n’a pas de géographie, il a la carte du monde comme territoire d’action.

En revanche, il faut bien comprendre qu’un authentique savoir politique sur les relations internationales, sur les processus de décision diplomatique, sur les logiques d’intérêt et de puissance qui sont à l’œuvre dans des situations de tension peut permettre d’éclairer nombre d’enjeux.

Chacun peut ainsi mieux décrypter la façon dont il peut être instrumentalisé sur le plan politique, mis au service au profit d’une cause qui n’est pas forcément celle à laquelle on croyait initialement… Ne nous leurrons pas, dans ces configurations complexes, l’instrumentalisation fonctionne dans les deux sens.

Il faut en avoir conscience. Tant les Etats que les ONG usent des mêmes ressources juridiques ou médiatiques qui alimentent le jeu politique international. Aussi, pour répondre à votre question, je dirais que si en théorie et formellement, humanitaire et géopolitique n’ont pas de liens spécifiques, néanmoins dans les faits, un certain savoir politique – et la géopolitique fait partie intégrante de ce savoir – est indéniablement utile aux organisations humanitaires, pour se positionner dans des contextes de haute tension politique.

Comment un humanitaire perçoit-il le rôle des frontières ?

Les frontières me semblent constituer en ce monde une nécessité pour chacun d’entre nous. En effet, elles nous permettent de raisonner sur un collectif donné. Nous avons besoin de penser à l’intérieur de limites. Sinon, c’est l’hubris, ce sentiment de démesure qu’abhorraient les Grecs anciens.

Le sans limites est toujours dangereux. Les frontières, ce sont d’abord des limites politiques à l’intérieur desquelles peuvent se déployer la démocratie, le sentiment national (au sens qu’Ernest Renan donnait à ce concept, autrement dit sentiment d’appartenance à une communauté de destin), bref des paramètres-clés pour l’organisation de nos vies dans le cadre de la nation, forme d’organisation qui s’est répandue dans le monde avec un succès foudroyant à partir du XIXème siècle.

Les réalités nationales sont prises en compte partout, y compris par des minorités qui sont en lutte contre un pouvoir central. Ensuite, il faut bien comprendre qu’une frontière est un lieu de passage, comme un cours d’eau simultanément sépare et rapproche, délimite et unit des paysages.

J’oppose la frontière au mur, qui empêche justement l’échange. Aujourd’hui, certains voudraient considérer l’homme comme une marchandise. Aussi, sans frontières, sans limites, le monde deviendrait un gigantesque hall consumériste dans lequel se croiseraient des flux d’individus interchangeables. Pour ma part, ce n’est pas la vision que je me fais de l’humanité…

Né en 1950 à Jérusalem, vous êtes cependant critique à l’égard de l’Etat d’Israël – vous avez d’ailleurs condamné en 2006 les frappes israéliennes sur le Liban – ce qui vous vaut de solides inimitiés. Pourquoi cette attitude ?

D’abord, je ne me considère nullement comme assigné à suivre une politique de par mon lieu de naissance. L’israélité existe, mais je ne la confonds pas avec la judaïté. Je reconnais que les Israéliens ont eu la capacité de construire une société avec des fondements forts.

Cette société n’est d’ailleurs pas enfermée dans une confession donnée, ne serait-ce que parce qu’une communauté arabe fait par exemple partie intégrante d’Israël. Mais il y a aussi une politique israélienne qui devient au fur et à mesure de plus en plus oppressive, conquérante et dominatrice. Je considère, et je l’ai dit à de nombreuses reprises, que sous la conduite de ses dirigeants, Israël se comporte aujourd’hui à certains égards comme un Etat-voyou.

Je me sens d’autant plus libre et légitime pour aborder cette question en toute liberté et dire ce que je pense, que, de par l’administration israélienne, je suis citoyen israélien. Je suis français, titulaire de la seule nationalité française, mais en Israël, nationalité et citoyenneté ne sont pas confondues.

Alors, comme on m’oblige à être citoyen israélien quand je suis en Israël, je le suis dans la version contestataire… Je regrette d’autant plus la dégradation de cette image qu’Israël bénéficiait d’une popularité absolument extraordinaire dans les années 60. C’était l’image d’un Etat de pionniers, construit par les survivants des camps de la mort. Israël qui était hier symbole d’espoir et de vie est devenu symbole de mort. Sur la scène internationale, Israël est perçu négativement au même niveau que la Corée du nord. C’est tout dire…

Vous avez également été hostile à l’intervention française en Lybie. Pour quelles raisons ?

J’ai initialement été très sensible à l’argument de défendre la population de Benghazi qui semblait alors menacée d’extermination. La No fly zone apparaissait comme un concept défendable, même s’il se révèlait être dans les faits techniquement complexe à mettre en œuvre.

Seulement, j’ai vite compris que cette menace était virtuelle, accompagnée de rhétoriques de tribunes de part et d’autre. Une intervention au nom de principes humanitaires qui repose sur une série de mensonges a de quoi générer quelques soupçons. Cela évoquait pour moi l’opération de dénonciation des armes de destruction massive qui avait servi d’alibi à de précédentes interventions…

Aussi, fondée sur une évidente ambiguïté, voire sur de véritables bobards, une intervention en Lybie ne pouvait déboucher sur aucune issue positive. Au contraire. On allumait des mèches qui allaient flamber dans tous les sens sans que personne ne puisse les éteindre. Or, quand on intervient militairement, on engage sa responsabilité pour la suite des événements.

Dans ce cas, chacun savait que l’on n’interviendrait pas au sol. No boots on the ground… En regardant sur le moyen terme, on devinait sans difficulté que cette intervention n’allait qu’aggraver les choses dans la zone.

Notez que je ne suis pas anti-interventionniste par idéologie. Pour preuve, sans angélisme, j’ai soutenu tant l’intervention britannique en Sierra Leone que l’intervention française au Mali, parce que, dans ces deux cas, il y a avait un certain nombre de paramètres clairs et une suite logique et politique qui s’affichait dans le temps.

Une intervention me paraît être valable si, en passant d’un point A à un point B, la situation au sein du point B se révèle à terme être meilleure qu’elle ne l’était initialement au sein du point A. Or, en Lybie, compte tenu des conditions politiques et géographiques, on savait dès le début que ce ne serait pas le cas.

De fait, si dans cette opération, nos militaires ont montré leur parfait professionnalisme, avec très peu de dégâts collatéraux, en revanche je reste stupéfait de l’amateurisme des politiques et aussi de l’attitude de la presse française, qui s’est affranchie de la réalité pour adhérer sans barguigner aux thèses interventionnistes de Bernard-Henri Lévy…

Cet exemple libyen mérite d’être étudié de près. Car il est absolument ahurissant de voir que, du jour au lendemain, le CNT surgi de rien a été considéré par les puissances qui pilotaient l’intervention comme le représentant légitime du peuple libyen.

Je dois avouer que j’ai été stupéfait de voir comment s’est orchestré le processus qui a conduit à l’intervention, avec une classe entière – politique et médiatique – qui, à la tête du pays, sombrait dans une sorte d’ébriété euphorisante en perdant tout sens des réalités, en abandonnant tout esprit critique, en se montrant incapable de mesurer les conséquences sur le long terme d’une intervention pensée sous le coup de l’émotion ! Et au final, ce sont essentiellement les Libyens qui en paient aujourd’hui le prix…

Comment voyez-vous la situation en Syrie et en Irak ? De manière générale, que peuvent faire des humanitaires face à la barbarie de plus en plus violente et médiatisée à outrance, comme dans le cas de Daech ?

Pour les humanitaires, il est impossible de travailler avec Daech, notre expérience l’a montré, puisque nous avons eu à gérer des prises d’otages, en dépit des engagements qui avaient été pris.

Dans des configurations aussi complexes que celles-ci, les humanitaires ne peuvent agir qu’à la marge, dans des régions où évoluent d’autres groupes, comme les Kurdes par exemple.

Plus généralement, à travers l’histoire, il est souvent arrivé aux humanitaires de ne pouvoir travailler que sur la périphérie de certains conflits, comme ce fut le cas avec les Khmers rouges au Cambodge ou le Sentier lumineux au Pérou.

Ne nous leurrons pas, les humanitaires font ce qu’ils peuvent avec les cartes qui sont les leurs. Et ils doivent savoir que toute intervention militaire, quelle qu’elle soit et où que ce soit, n’est que la partie restreinte – même si elle est fortement médiatisée car spectaculaire – d’un vaste processus politique, et au final, que cette intervention armée ne peut être couronnée d’un certain succès que si elle est suivie d’un règlement politique de la crise en question.

En ce qui concerne la barbarie médiatisée de Daech et les formes de terreur que vous évoquez, elles correspondent sans conteste aux formes contemporaines de médiatisation tous azimuts. Le terrorisme moderne est né avec les médias au XIXème siècle, c’est un fait objectif dans lequel les journalistes n’ont bien sûr aucune responsabilité.

Si l’on suspend tout jugement d’ordre moral, il faut bien reconnaître qu’à l’époque des réseaux sociaux, de la circulation instantanée de l’image, la mise en scène des terroristes a un impact incalculable, que l’on prenne le cas des égorgements en direct de Daech ou les attentats du 11 septembre.

Tant le choix de la cible que la méthode de frappe correspondent à l’âge de l’hyper-médiatisation que nous vivons et qu’exploitent habilement les hyper-terroristes d’aujourd’hui. Quand la rançon de l’otage n’est pas payée, sa valeur médiatico- politique l’emporte sur sa valeur financière.

Et son égorgement en direct se révèle être d’une portée absolument stupéfiante à l’échelle planétaire. C’est là une stratégie terrifiante, certes, mais extrêmement bien pensée, qui, en usant des codes de la fiction hollywoodienne des films trash par exemple, joue sur nos faiblesses en usant de l’arme médiatique.

Que pensez-vous du droit d’ingérence et du rôle des cours de justice internationales ?

Les cours de justice internationale existent concrètement, ce qui n’est en revanche pas le cas du droit d’ingérence. A vrai dire, je me méfie un peu de la justice pénale internationale, en ce sens qu’en mettant en perspective l’histoire, on constate que les évolutions de la mémoire et les attentes en matière de justice sont changeantes selon les sociétés et les époques.

Les exigences de jugement « à chaud » me paraissent toujours un peu dangereuses. Il me semble qu’il faut user avec tact et prudence des juridictions, qui agissent en fait par subsidiarité, de par la défaillance des Etats qui ne sont plus en mesure d’appliquer les règles de droit. Pourquoi cette position nuancée ? Parce que je crois que ce qu’attendent les populations après des crises terribles, c’est d’abord la paix.

Ainsi en Afrique du sud, Monseigneur Desmond Tutu avait préféré, plutôt que de recourir à la justice pénale pour juger des crimes commis sous l’apartheid, soutenir les comités vérité-réconciliation mis en place dans le pays, ces derniers ayant permis en douceur l’apurement d’un certain nombre de comptes.

Gardons à l’esprit que l’on ne juge pas seulement par une sentence judiciaire, on juge aussi moralement et politiquement. Les hommes ont une mémoire. Ils ne peuvent faire mine d’oublier et en même temps ils ne veulent pas revivre indéfiniment le conflit. D’où l’importance des compromis, des alternatives pour trouver un juste chemin entre la mémoire de chacun et la mémoire collective.

Aussi les formes de justice transitionnelle – dans lesquelles j’inclue l’activité intellectuelle et journalistique – doivent accompagner la réflexion sur les cours pénales. Quant au droit d’ingérence, si l’on tire des enseignements des interventions de ces vingt dernières années, force est de constater que l’on crée souvent plus de désordres et de violences à long terme que dans la situation initiale.

Parce que le plus souvent, on a agi dans l’immédiateté, sous le coup de l’émotion, sans penser lucidement à ce qui allait suivre. Dans beaucoup de crises, le développement d’un discours qui se veut moral nous ferme à nombre de réalités et entraîne des catastrophes sur la longue durée.

Les Irakiens – comme les Américains d’ailleurs, il n’y a qu’à voir avec quelle indifférence sont traités les vétérans de la guerre d’Irak – paient ainsi au prix fort l’intervention de 2003, tant sur le plan humain que financier. En fait, il y a une inhumanité dans cette pseudo-humanité qui est vraiment frappante…

Toujours sur le plan médiatique, vous avez dénoncé à de multiples reprises ce que vous appelez l’humanitaire spectacle. Pourquoi ?

L’humanitaire « people », avec quelques grandes figures qui viennent se faire valoir sur fond de charniers réels ou virtuels, me semble être quelque chose de révoltant et écœurant.

Ces émotions fugitives m’apparaissent être tout à la fois démagogiques et stériles. Il y a là un aspect voyeurisme terriblement malsain, où l’on se complait dans la contemplation de l’horreur en jouant l’effarement.

En guise de conclusion, que dirait le médecin humanitaire que vous êtes pour convaincre les étudiants d’écoles de commerce de la nécessité de s’intéresser à la géopolitique ?

Désolé de vous décevoir, mais pour moi, il n’y a aucune nécessité de s’intéresser à la géopolitique. En revanche, il me paraît bon de s’intéresser à notre planète sous un angle ou sous un autre.

La littérature, le cinéma, le voyage, sont des modes d’accès aux réalités du monde qui valent la géopolitique ou l’humanitaire. Ouvrir et entretenir des relations avec des gens issus d’autres moules sociaux et culturels que celui dont nous sommes issus me paraît être une démarche positive et gratifiante.

 

A propos de Rony Brauman 

C’est à Jérusalem que naît Rony Brauman en juin 1950. Installé ensuite dans la banlieue sud de Paris, il fait ses études au lycée Lakanal de Sceaux, puis médecine à Paris, à Cochin, tout en militant politiquement à l’extrême-gauche dans les années 68, d’abord à la Fédération anarchiste puis à la GP, la Gauche prolétarienne.

Il arrête assez vite le militantisme politique pour se consacrer pleinement à la médecine, où il se spécialise en santé publique et épidémiologie, en statistiques appliquées à la médecine, et surtout en médecine tropicale.

Ce dernier trait conjugué à sa soif de justice et son désir d’aventure l’amène à exercer ses talents dans des pays lointains. On le retrouve d’abord comme médecin de brousse au Bénin et dans la corne de l’Afrique, puis dans tous les coups durs qui éclatent sur la scène internationale, partout où souffrent les populations civiles, comme le Cambodge, l’Ethiopie, le Rwanda…

En effet, entré à Médecins sans frontières (MSF) en 1978, Rony Brauman en devient le président de 1982 à 1994. Certes, il veut alerter l’opinion internationale sur les crises humanitaires, mais en même temps, il dénonce sans ambages la récupération de ces crises et les cyniques manipu- lations médiatico-politiques qui bien souvent les accompagnent.

Dès 1985, il s’interroge ouvertement sur le bien-fondé de certaines actions humanitaires. Dans Libération (10/10/2000), il se souvient avoir expliqué au Club de la presse anglo-saxonne à Paris que « nous, les humanitaires, étions les éléments d’un dispositif criminel de déportation. Il fallait absolument se poser la question : ne faisons-nous pas plus de mal que de bien ? ».

Avec le temps, l’ancien maoïste Rony Brauman s’est converti à la lecture de Raymond Aron et de Hannah Arendt. « Lorsque je suis revenu du Cambodge, la lecture de Raymond Aron m’a appris à distinguer ce qui sépare la démocratie du totalitarisme. En revenant d’Ethiopie, Hannah Arendt m’a appris ce qui les unit » (Libération, ibid).

A la différence de ses anciens amis fondateurs de MSF (Bernard Kouchner, Xavier Emmanuelli et Claude Malhuret, qui occuperont tous des fonctions gouvernementales), il opte pour une autre voie et fait bénéficier de son expertise diverses structures, comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme ou le Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires.

Il enseigne aussi à Sciences-Po Paris et dirige des recherches à MSF. Il est aussi la cheville ouvrière de plusieurs films, La pitié dangereuse, une histoire critique de l’humanitaire (1996), Un spécialiste, portrait d’un criminel moderne (1999), Ces brevets me rendent malade : le sida en Afrique (2003).

Il a également publié une quinzaine d’ouvrages consacrés à l’humanitaire et apporté sa contribution à de très nombreux travaux.