Jan 302020
 

Un entretien avec Jean-François Fiorina

Jean-François Fiorina, entouré d'étudiants, lors d'une rentrée des cours. L'initiation à la géopolitique : une caractéristique essentielle de Grenoble Ecole de Management.

Jean-François Fiorina, entouré d’étudiants, lors d’une rentrée des cours. L’initiation à la géopolitique : une caractéristique essentielle de Grenoble Ecole de Management.

A tout seigneur, tout honneur : pour ce dernier entretien des notes CLES, ce n’est pas le directeur général adjoint de Grenoble Ecole de Management (GEM) qui pose les questions, mais bien lui qui répond à ses fidèles lecteurs !
Nul, en effet, n’était mieux qualifié que Jean-François Fiorina pour clore ce cycle de publications, initié voici dix ans, en pleine cohérence avec la dimension géopolitique que, sous son impulsion, GEM a souhaité donner à son enseignement. 

Pourquoi ce choix ? Tout simplement, explique-t-il, pour prendre une longueur d’avance dans la création de l’Ecole du futur, objectif que Jean-François Fiorina, homme d’entreprise devenu pédagogue, ne cesse de poursuivre depuis le début de sa carrière.

« Penser global pour agir local » : voilà, dit-il, la compétence stratégique qu’offre la géopolitique aux managers de demain confrontés à un monde de plus en plus complexe. 

Lancées à votre initiative au cours de l’automne 2010, les notes et les entretiens CLES – pour Comprendre les enjeux stratégiques – visaient à maintenir entre les participants du Festival de géopolitique de Grenoble un lien d’information et de réflexion. Cette heureuse expérience aura duré plus d’une décennie. Elle prend fin aujourd’hui avec cet entretien. Il vous revient l’honneur d’en dresser le bilan : quel est-il ? 
Très largement positif. Quand nous nous sommes lancés dans la géopolitique, il y a de cela douze ans, c’est vrai que nous avons été les premiers à prendre en compte l’arrivée à bas bruit de cette discipline dans les classes prépas, évolution qui n’a cessé de s’amplifier pour concerner maintenant le secondaire, ce qui est à mon avis une bonne chose.

CLEHS32-2C’est aussi que, grâce à mon expérience professionnelle antérieure de banquier et de consultant – j’y reviendrai – j’ai pu sentir combien grandissait, au sein du monde de l’entreprise, un besoin accru de repères sur les questions internationales.

J’ajouterais qu’à Grenoble-même, ville riche en laboratoires de recherche et en centres voués aux technologies de pointe, cette dimension prenait une importance croissante.

Dans ce contexte, nous avons adapté notre enseignement et notre pédagogie à ces besoins que nous avions décelés très tôt.

La principale avancée fut la création d’un double diplôme pour permettre aux étudiants qui souhaitaient faire de la géopolitique une de leurs compétences-clés, d’acquérir une expertise dans ce domaine.

D’où, notamment, notre partenariat avec l’IRIS – qui donne accès à l’un des trois diplômes les plus demandés à GEM – et avec l’institut Bioforce, dans le cadre d’un enseignement dédié au management des ONG. 

C’est pour accompagner cette évolution en profondeur que nous avons décidé de lancer les notes CLES, déclinées sous la forme de courtes monographies sur un sujet précis, d’études de cas très pratiques, et aussi d’interviews.

Nous avons souhaité notamment que ces dernières soient très diversifiées et dépassent le monde universitaire pour balayer le champ géopolitique dans ce qu’il a de plus varié.

C’est ainsi que nous avons interrogé non seulement des militaires, des historiens ou des économistes, mais aussi un chef cuisinier, un éditeur de BD, des journalistes, des chefs d’entreprises, bref des personnalités qui montrent bien que la géopolitique est omniprésente, et en aucun cas réservée à des spécialistes, parfois d’ailleurs autoproclamés… 

C’est donc tout naturellement que cet ensemble documentaire a accompagné l’autre grande réalisation de l’Ecole, à savoir le Festival de géopolitique, créé en 2009 en collaboration avec Pascal Gauchon, alors éditeur aux PUF, et Jean-Marc Huissoud, qui a présenté l’évènement, ici même, voici trois semaines.

CLEHS32-3Dernier étage de cette institutionnalisation de la géopolitique dans le cadre de GEM : la création de deux épreuves de géopolitique pour nos concours d’entrée, l’une pour le concours prépas, l’autre pour le concours d’admission parallèle. 

A titre personnel, enfin, j’ai accompagné cette évolution en créant différents blogs et en intervenant très régulièrement sur les réseaux sociaux, Linkedin en particulier, autour de thèmes d’actualité liés aux problématiques géopolitiques.

Avec toujours à l’esprit que nous ne sommes pas une école de sciences politiques, mais une Business school qui a intégré cette dimension internationale, laquelle est, à nos yeux, une compétence indispensable pour l’action de ceux qui se destinent au management.

Lorsque vous avez lancé ce projet visant à favoriser la renaissance de la géopolitique, celle-ci avait encore mauvaise presse. En ces temps pas si lointains, nombre d’opinion makers croyaient dur comme fer aux vertus de la mondialisation heureuse. Aussi, la géopolitique apparaissait-elle aux yeux de certains observateurs comme plus ou moins sulfureuse. Ce n’est plus le cas de nos jours. Comment avez-vous vécu cette évolution ? A quoi attribuez-vous cette réhabilitation de la géopolitique, à laquelle Grenoble Ecole de Management a contribué ? 

Tout simplement à l’évolution même du monde. A mon sens, le grand tournant du 11 septembre a sonné le glas du monde apaisé que certains avaient cru entrevoir avec la chute du Mur de Berlin.

Les bouleversements qui s’en sont suivis ont ouvert les yeux de beaucoup sur la nécessité pour tout un chacun – j’insiste : pas seulement pour les géographes et les historiens – de disposer de clés opérationnelles permettant de décrypter les grandes ruptures qui rythment notre quotidien.

Il était donc nécessaire de s’affranchir des querelles idéologiques qui traversaient le milieu traditionnel des spécialistes pour faire de cette discipline une matière transversale, permettant d’appréhender simplement mais lucidement l’évolution du monde. 

En tant que directeur des programmes de Grenoble Ecole de Management, comment avez-vous vécu cette réhabilitation de la géopolitique dans les programmes pédagogiques ? 

Quand je faisais mes études, on était encore en pleine guerre froide : il y avait d’un côté les bons, de l’autre les méchants (et inversement selon le camp politique où l’on se plaçait), et les grilles d’analyse étaient, somme toute, beaucoup plus simples.

Celles-ci ayant perdu leur cohérence, il fallait revoir de fond en comble nos instruments traditionnels d’analyse pour tenir compte de l’atomisation des grands ensembles, avec l’émergence de nouvelles aires de puissance et d’influence, de nouveaux territoires, bref de nouvelles logiques, elles-mêmes appuyées sur de nouveaux acteurs – par exemple les ONG, ou encore les forums internationaux, comme Davos – toutes choses sans grand rapport avec la vieille confrontation Est-Ouest.

A cet égard, rendons à César ce qui lui appartient : à l’origine de cette renaissance, il y a eu des esprits – je pense notamment à Yves Lacoste et aux collaborateurs de la revue Hérodote – qui ont contribué à décloisonner et à populariser la géopolitique.

Ils ont ouvert la voie à ce que nous avons souhaité faire et je tiens ici à leur rendre hommage. 

Que peut apporter une culture géopolitique aux futurs managers qui auront à évoluer dans une économie mondialisée ? 

Comme je le dis souvent à mes étudiants, le monde dans lequel vous vous réveillerez demain sera différent de celui dans lequel vous vous êtes endormis.

Il est donc indispensable de renouveler en permanence, non seulement nos grilles de lecture, mais aussi les méthodes qui servent à les élaborer.

Il y a vingt-cinq ans, une évaluation « risque-pays » était relativement facile à réaliser et à analyser.

Le Crédit lyonnais s’en était fait une spécialité et révisait ses critères tous les six mois.

Et il était rare que cette analyse diffère foncièrement de celle que pouvait avoir un constructeur automobile comme Peugeot ou un grand distributeur comme Carrefour.

Aujourd’hui, pour un même pays, les analyses géopolitiques peuvent évoluer du tout au tout selon les secteurs d’activité.

Si vous prenez la Russie, il n’est pas du tout certain aujourd’hui que la Société générale, Renault ou Auchan analysent les risques d’investissements de la même manière… 

Quel message se rapportant à la géopolitique souhaiteriez-vous adresser aux entreprises qui vont accueillir vos étudiants dans les années à venir ? 

Je vois, pour résumer, cinq dimensions essentielles au déploiement de la géopolitique en entreprise.

La première, c’est évidemment l’analyse des marchés. Qu’il s’agisse d’une implantation, d’un investissement ou d’un plan de développement, la géopolitique permet d’aller plus loin que de classiques considérations économiques ou marketing, parce qu’elle intègre d’autres paramètres, notamment anthropologiques ou sociologiques. 

La seconde dimension, c’est évidemment l’anticipation. Prenez l’exemple du Brexit. Les chefs d’entreprise n’attendent pas de nos étudiants qu’ils connaissent sur le bout des doigts chaque article des traités européens.

Mais bien plutôt qu’ils soient capables d’appréhender, de manière pluridisciplinaire, les conséquences, sur leur activité, du départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.

Idem pour les épisodes de la guerre commerciale que nous vivons, sur fond d’extraterritorialité du droit américain : une lecture juridique est utile, mais elle est insuffisante.

Seule la géopolitique permet de déchiffrer les rapports de force de manière dynamique et de proposer des scénarios, des simulations, bref d’aider à la prise de décision en sortant des logiques binaires, forcément réductrices. 

Troisième axe à prendre en compte : la compréhension de l’autre. Raisonner géopolitiquement, c’est entrer dans la dimension interculturelle des choses.

CLEHS32-4Prenez l’affaire Ghosn. Chacun est libre de donner raison à l’ancien patron de Renault ou, au contraire, de condamner son action. Mais pratiquement, quelle importance ?

Pour un chef d’entreprise, la priorité est de connaître le système judiciaire japonais, son arrière-plan culturel comme les risques qu’il comporte pour un manager qui raisonnerait exclusivement à l’occidentale.

Pour éviter les accidents, il faut connaître le code de la route. 

D’où une autre dimension essentielle de la géopolitique : la juste évaluation des risques.

L’exemple type est l’affaire Lafarge, fleuron de l’industrie française, dont la compromission avec Daech a permis le rachat par son principal concurrent suisse.

On ne peut que constater, derrière ce séisme industriel, une absence totale d’analyse de ce qu’était alors la situation en Syrie. D’où, sur le terrain, une suite de dérapages insensés. 

Enfin, et c’est très lié, je dirais que la géopolitique comporte aussi une dimension morale.

Elle permet à un chef d’entreprise qui en a perçu l’utilité, de renforcer son leadership en se dotant d’une éthique solide.

On ne s’implante pas n’importe où, n’importe comment, à n’importe quel prix et en traitant avec n’importe qui : savoir où l’on met les pieds peut éviter d’endosser une faillite morale qui, dans le cas de Lafarge, s’est payée au prix fort économiquement… 

A titre personnel, pourquoi ce tropisme, cette inclination en faveur de la géopolitique ? Quels sont les géopoliticiens, chercheurs ou praticiens de la géopolitique, d’hier ou d’aujourd’hui, qui vous ont le plus marqué ? 

L’actualité internationale m’a toujours passionné.

Dans mon histoire professionnelle, après avoir quitté le monde de la banque et de la finance, et avant de rejoindre définitivement celui des écoles, j’ai collaboré plusieurs années à un cabinet de conseil international qui a été très impliqué en Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin.

J’ai effectué, dans ce cadre, de nombreuses missions de conseil et de formation en Lituanie, en Ukraine, en Roumanie et en Russie.

J’y ai enseigné les bases de l’économie de marché et du commerce international, et je dois dire qu’à cette occasion, j’ai beaucoup réfléchi sur le dialogue des cultures et la nécessité de comprendre l’autre, à défaut d’être toujours d’accord avec ses choix.

C’est vraiment là que j’ai réalisé combien la décision, en entreprise, dépend d’un ensemble de considérations qui n’appartiennent pas toutes au monde de l’économie.

Et c’est un économiste qui vous le dit ! 

Je me souviens notamment d’un cycle de formation, à Yalta, auprès d’anciens officiers de l’Armée rouge qui souhaitaient créer leur entreprise.

J’étais parti avec l’idée qu’ils avaient beaucoup à apprendre – ce qui était incontestable après soixante-dix ans de communisme – mais j’en suis revenu avec la certitude que dans d’autres domaines, comme le management des hommes, leur expérience méritait largement d’être prise en compte.

J’ai autant appris d’eux qu’ils ont appris de moi, ce qui m’a renforcé dans la conviction que, pour réussir dans l’économie internationale concrète, la connaissance du terrain est aussi importante que celle des grands agrégats.

Faire comprendre cela à mes étudiants a été, depuis, l’un de mes buts de chaque jour. 

Quant aux chercheurs qui m’ont marqué, j’ai cité Yves Lacoste et je m’en tiendrai là.

Non pour éviter de me faire des ennemis, mais parce que je pense sincèrement qu’en matière géopolitique, la réflexion est – et sera de plus en plus – d’origine collective.

Voyez les rapports RAMSES ou les publications de l’Iris, qui ont joué et jouent encore un rôle très important dans les progrès de la culture géopolitique.

Les uns et les autres sont le fruit d’une communauté d’analystes, pas de théories tombées du ciel. 

Et puis, il n’est pas dans mon tempérament de théoriser les relations internationales.

J’aime le concret.

D’où mon intérêt pour l’entreprise et les applications pratiques qu’on peut lui offrir pour prendre les bonnes décisions dans la mondialisation.

J’ajoute que pour moi, rien n’est plus concret qu’une carte : un bon ouvrage géopolitique est un ouvrage où les cartes se suffisent à elles-mêmes.

A cet égard, on peut s’inspirer du travail réalisé par Pascal Boniface avec son Atlas des relations internationales.

Mon rêve serait d’apprendre aux étudiants à élaborer, pour une entreprise donnée, sa propre carte du monde. 

Pour conclure, quelle serait votre définition de la géopolitique, vue à l’aune de la direction d’une grande école de management ?

CLEHS32-5La culture générale du monde moderne et de sa complexité.

Bien formé, le futur manager doit acquérir une vraie compétence d’analyse et un sens de la prospective, qui vont l’aider à prendre la bonne décision.

Ce qui sous-entend, comme je l’ai dit, une ouverture à la culture de l’autre, donc une bonne capacité d’adaptation, mais aussi suffisamment d’esprit critique pour discerner les enjeux éthiques.

En un mot, la compétence géopolitique, c’est la capacité d’agir local tout en pensant global.

Des qualités inséparables de l’école du futur, laquelle, à mon sens, devra placer l’entreprenariat au coeur de son action comme de sa réflexion. 

Avec la géopolitique, on évolue vraiment au coeur de cette problématique éducative.

Et les étudiants le sentent bien, qui sont de plus en plus demandeurs d’une culture internationale capable de leur offrir les clés de décryptage que l’enseignement traditionnel peine à leur donner.

Quand vous regardez les mots qui reviennent le plus souvent dans les bases de données des revues économiques, vous découvrez, dans l’ordre : géopolitique et innovation.

Ce n’est pas un hasard si ce sont là les deux points forts de GEM, qui ne cesse d’approfondir ses relations avec les entreprises en acculturant ses étudiants aux études de cas. 

Dans un contexte de guerre commerciale devenue structurelle, les entreprises revoient de fond en comble leurs stratégies, qu’il s’agisse d’implantations, de circuits de production, de circuits logistiques, d’alliances…

Et ce, pas seulement dans le cadre des grands groupes ; PME et start-up, dans tous les domaines, depuis la santé jusqu’aux biotechnologies, en passant par l’énergie et le climat, réclament une clé de lecture mondiale, puisque leur terrain est désormais mondial.

A propos de Jean-François Fiorina

CLEHS32-6Régulièrement distingué dans le top 10 des responsables académiques les plus influents sur Twitter, Jean-François Fiorina est né en 1964.

Après l’INSEEC Bordeaux (1983-1986), il poursuit ses études aux Etats-Unis avec une formation d’agent de change (Baraban securities, Oakland) puis un MBA à San Francisco.

Il débute ensuite sa carrière en 1989, comme exploitant PME/PMI avec le statut d’adjoint au chef d’agence à la Bred (groupe Banques Populaires), avant de devenir consultant à l’international chez Alain Simon Consultants (Groupe Philéas) de 1990 à 1996.

Il intervient à la même période à l’Idrac (Ecole supérieure de commerce) où il enseigne le commerce international et devient directeur des études en 1995.

Jean-François Fiorina entre en 1996 au Groupe Sup de Co Amiens-Picardie comme directeur du programme ESC et des relations internationales.

En septembre 2000, il rejoint Grenoble Ecole de Management, avant de prendre la direction de l’ESC Grenoble en 2003.

Il devient directeur général adjoint de GEM en 2012 et prend également la direction des programmes. Passionné de géopolitique, il édite des notes CLES – Comprendre Les Enjeux Stratégiques – http://notes-geopolitiques.com 

Il tient en outre un blog sur Educpros http://blog.educpros.fr/fiorina/ dans lequel il traite de l’actualité des business-schools et de son métier de directeur d’école.

Très présent sur les réseaux sociaux, il est d’ailleurs classé 1er influenceur sur Twitter par Headway / Le Figaro Etudiant de la catégorie « Présidents d’Universités et Directeur d’Ecole ». 

Pour rappel, Grenoble Ecole de Management (GEM) apparaît comme un laboratoire à ciel ouvert dans lequel 8000 étudiants et 500 collaborateurs apprennent et oeuvrent chaque jour pour résoudre des problèmes complexes et répondre aux défis de l’entreprise et de la société.

Historiquement basée à Grenoble, ville de sciences et de technologies, GEM a développé une solide expertise en management de la technologie, de l’innovation.

Cette orientation fondatrice lui a permis d’élargir ses champs d’expertise en recherche et en formation autour du digital, de la santé, de l’énergie, de l’entrepreneuriat, de l’économie du partage et de la géopolitique.

Créatrice de son propre modèle pédagogique, GEM est un espace d’expérimentations, de réflexion, d’hybridation qui déploie une offre de 50 programmes de formation initiale et continue, en français et en anglais, dispensés à Grenoble, Paris, Berlin, Singapour, Moscou et Casablanca.

Etablissement d’Enseignement Supérieur Consulaire (EESC) affilié à la CCI de Grenoble, GEM est « membre fondateur » du campus d’innovation grenoblois GIANT et « membre associé simple » de la ComUE Université Grenoble Alpes. 

Sorry, the comment form is closed at this time.